Je dormais dans un cimetière 02: Nouvelle amie , Rencontre avec l’homme de mes rêve

Cet homme transpirait la richesse. Je l’ai regardé.
Je ne savais pas comment j’avais fait pour attirer vers moi le maître des lieux, mais les faits étaient là.
J’essayai de me relever mais il me retint.
— Ne bouge pas… laisse-moi enfiler ta chaussure !
Il se baissa.
C’était bonnement incroyable. J’aurais pu me prendre pour Cendrillon des
temps modernes.
Mon cœur battait la chamade. Cette situation était au-delà de mon
expectation.
— Monsieur, je…
Avais-je essayé en bégayant !
De toutes les façons, j’avais perdu tous mes moyens depuis longtemps. Roger m’aida à me remettre debout. Nous avions presque la même taille. Il me regarda dans les yeux
— Tu as besoin de repos. Être juchée sur des talons à aiguilles si hauts
toute la soirée doit être difficile !
Je secouai la tête comme une simple d’esprit.
Je ne pouvais pas parler, c’était au-dessus de mes forces.
— J’appelle mon chauffeur pour te raccompagner.
J’ouvris la bouche et la refermai aussitôt.
Avais-je à dire ?
Je n’oubliais pas que j’étais en pleine prestation. Roger ne me laissa pas le
temps de m’interroger plus longtemps.
Il avait déjà sorti son téléphone pour aboyer des ordres. Je l’observais du coin de l’œil.
Il ne renvoyait pas exactement l’idée qu’on se faisait du prince charmant. Il n’était pas beau mais pas moche non plus. Seul son gros ventre me causait un peu de souci mais c’était un petit problème. Le fait qu’il soit le père de Sonia, aurait pu être le mien ne m’a même pas traversé l’esprit.
Mes yeux brillaient déjà. J’avais commencé à compter l’argent que j’allais gagner.
Je signais là ma perte sans le savoir.
Je venais de prendre un aller simple pour l’enfer.
Le chauffeur arriva et Roger lui donna des ordres.
Il déposa une enveloppe entre mes mains.
— Prend soin de toi, susurra-t-il…
J’avais compris.
Je nageais dans le bonheur, assise dans une voiture luxueuse, climatisée,
et conduite par un chauffeur.
La femme que j’étais entrain de devenir à croiser ses jambes.
Je devais déjà adopter la posture des gens riches.
Il était temps.
Mon destin venait de se mettre en place.
Roger m’avait remis une grosse somme d’argent. L’enveloppe contenait
200.000 FCFA !
Une somme énorme pour moi.
C’était la première fois que je touchais autant d’argent en une seule fois. Même ma soirée était payée à 25.000 FCFA.
C’est dire que je venais de toucher le jackpot.
Pour protéger mon secret, j’ai demandé au chauffeur de me déposer à
l’entrée d’un quartier résidentiel. Il se faisait tard. Il a eu des scrupules à me laisser là, sans aucune âme vivante à l’horizon. Je l’ai rassuré. Ma maison était toute proche.
Je mentais.
J’ai attendu que les phares de la voiture disparaissent pour chercher un taxi.
Heureusement pour moi, la rue était paisible.
Je devais me rendre à l’autre bout de la ville, à quarante-cinq minutes ! Cette nuit-là, couchée sur ma paillasse de fortune j’ai commencé à
réfléchir.
Je touchais du bout du doigt la richesse. J’allais réussir.
Rien ni personne n’allait se mettre en travers de mon chemin.
J’étais partie pour briller.
Ma lumière venait d’éclore.
Je me suis endormie, repue, heureuse de commencer une nouvelle vie.
La vie à la maison était la même.
Je regardais cet environnement délabré qui m’entourait.
Ma mère me disait
— Mado, puisque tu ne vas pas à l’école, peux-tu vendre les arachides au
carrefour ?
J’ai ouvert les yeux.
— Tu plaisantes maman !
— Pourquoi tu dis ça ?
— Combien de sacs d’arachides devrais-je vendre pour construire un
immeuble ? Dis-moi ?
Ma mère était estomaquée.
— De quoi parles-tu ? Il faut faire quelque chose pour survivre!
— Voilà maman, tu viens de prononcer le mot correct : Survivre ! Je
refuse de survivre. Je veux vivre!
C’était parti pour une discussion stérile entre elle et moi. Elle ne me
comprenait pas. De toutes les façons, je ne lui en voulais pas. Elle avait passé sa
vie à servir les autres. Elle était née dans la pauvreté. C’était devenu un trait de sa personnalité : être pauvre !
Je ne savais pas comment joindre Roger ! Je me voyais mal appeler Sonia pour lui demander le numéro de son père.
Elle avait pris le soin de me payer avant la soirée. Je ne savais pas comment relancer la conversation.
La providence fût avec moi. C’est Roger qui m’appela deux jours plus tard. Je me rongeais les ongles, impatiente d’attendre.
Je ne lui demandai pas comment il avait eu mon numéro.
Il me dit qu’il envoyait son chauffeur me chercher. Puisqu’il connaissait la maison, ça allait être plus facile.
Je ne paniquai pas. Après avoir dépensé 50.000fcfa pour ma tenue, une fortune que je ne regrettais pas, c’était comme un investissement pour moi, j’ai vite fait d’aller au carrefour attendre le chauffeur.
Il me conduisit dans un restaurant raffiné. Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais imaginé y mettre les pieds.
Je venais d’être parachutée dans la quatrième dimension.
Roger m’attendait, souriant. Son ventre avait pris un peu plus de volume. Je décidai de me concentrer sur son visage.
Il me sourit
— Bonjour ma petite Mado, ça va ?
La journée fût magnifique.
Bien que maladroite, je pus m’adapter à ma nouvelle condition.
À la fin, j’étais déjà prête pour l’aventure qui s’ouvrait à moi.
Roger avait cinquante-cinq ans. Il avait fait fortune dans l’immobilier,
disait-il.
Sonia était son second enfant. Il était marié mais séparé de sa femme — Différents inconciliables… déclara-t-il d’un ton sentencieux.
Je me mis à rire. Je n’avais rien compris
Mais rire était probablement la meilleure réaction.
Il me demanda mon âge. Je ne pouvais pas lui dire que j’allais bientôt avoir dix-neuf ans.
C’était impossible.
Je faisais plus que mon âge.
Je pouvais un peu maquiller la vérité.
— J’ai vingt-trois ans… ai-je déclaré sans ciller
— Tu es toute jeune
— Mais ce que j’ai traversé m’a rendu plus mûre !
J’avais l’air sérieux.
Il me fixa.
— Qu’est-il arrivé à tes parents ? Sonia m’a dit qu’ils étaient décédés.
Je ne savais pas ce que Sonia avait exactement raconté à son père.
J’allais me tenir à moins d’informations possible.
J’avais appris une chose dans la vie, pour mentir, il fallait respecter les
trois règles:
Règle numéro un: Ne jamais donner plus d’informations que nécessaire
sinon tu finissais par te faire prendre.
Règle numéro deux : Ne jamais oublier la première règle
Règle numéro trois : Ne jamais, Jamais oublier la première règle !
Je m’en tenais à mes règles.
— Ils sont morts !
C’était tout. Ils étaient morts. Y’avait-il deux façons de mourir ?
— Mais comment? Insista-t-il
Je me suis mise à pleurer.
— C’est trop difficile pour moi tonton, un souvenir douloureux
— Tonton ? Appelle-moi Roger !
Je souris sous cape. Il se mit à me consoler. Il avait oublié la cause de la
mort.
Nous avions terminé la soirée ainsi. Entre les mets les plus raffinés les uns après les autres et mon interlocuteur qui respirait la richesse, j’avais le vertige.
Il déposa une enveloppe sur mes cuisses.
— Achète-toi quelques babioles avec ceci. Je t’appelle dès que je peux.
Il demanda à son chauffeur de me déposer.
Il ne me demanda rien, même pas un léger baiser.
Je suis partie plus apaisée.
L’enveloppe contenait 300.000 FCFA.
Ma vie venait de prendre un nouveau virage.
Chez moi, je cachai précieusement mon argent. Sonia m’avait laissé un
message sur les réseaux sociaux. Elle me remerciait pour le service que je lui avais rendu et promettait de penser à moi à la prochaine occasion. Elle me demandait si j’allais bien et si elle pouvait m’aider.
Je souris intérieurement.
Elle ne le savait pas encore, mais tout cet argent qu’elle possédait, j’allais bientôt l’avoir.
J’attendis l’appel de Roger en vain.

J’avais toujours mon téléphone sur moi et je sursautais à la moindre sonnerie.
— Il y’a un problème Mado? Me demanda ma mère
— Non maman… pourquoi veux-tu qu’il y’ait un problème ?
Je commençais à étouffer dans cette maison. Il fallait toujours qu’on se
mêle de tout. Aucune intimité n’était possible.
Je ne pouvais pas acheter de nouveaux vêtements sans attirer l’attention de
ma mère.
Je lui dis avoir trouvé un travail pour justifier le changement de ma garde-
robe.
— Un travail ? Mais lequel ?
— J’aide une dame au marché à vendre des vêtements. J’espère me constituer un capital pour avoir ma propre boutique.
Pour la première fois, je lus du respect dans son regard — C’est bien. Ça te permettra de bâtir ta vie
— Oui maman !
Si elle avait su.
Si c’était pour bâtir une vie pauvre comme la sienne, non merci, j’en avais assez soupé.
Roger n’appelait pas toujours.
M’avait-il oublié ?
J’eus bien envie de le faire mais je me retins.
Mon sixième sens me demandait de le laisser faire le premier pas.
Il n’allait pas sûrement apprécier d’être harcelé.
Cinq jours interminables plus tard, je reçus enfin un appel
— Mado, j’envoie mon chauffeur avec un peu d’argent, c’est pour toi !
Et ce fût tout!
Le chauffeur me remit une enveloppe… Tout se passa au carrefour. L’enveloppe contenait 500.000 FCFA.
C’était une somme astronomique.
En une semaine, j’avais gagné plus que mes parents durant toute leur vie. Que faire de tout cet argent ? L’investir ?
Mais je voulais plus. Si Roger m’avait donné un million en une semaine,
ça signifiait qu’il pouvait m’en donner dix fois plus si j’étais bien gentille. Je commençai à paniquer, à avoir les mains moites.
J’avais trop d’argent d’un seul coup.
Je donnai 20.000 FCFA à ma mère qui hurla
— Où as-tu pris cet argent ?
— Mon salaire, garde ça pour moi s’il te plaît! — Mais tu viens de commencer ?
— C’est une avance maman !
Ma mère resta songeuse.
Je ne savais pas comment lui donner plus d’argent sans répondre à ses
interminables questions. Je remis 10.000 FCFA à mon père qui se coucha littéralement à mes pieds pour les prendre. Il ne me posa pas de questions.
Je voulais aider ma famille mais c’était impossible. Je ne pouvais pas expliquer l’origine de mon argent.
Je me retrouvais avec l’argent que je ne pouvais pas utiliser.
Mais j’allais trouver un moyen.
Il était dix-huit heures ce soir-là lorsque Roger m’appela.
J’avais fini par me dire qu’il voulait jouer avec mes nerfs. Il me demanda
de m’habiller pour une petite soirée. Son chauffeur vint me chercher. Roger m’attendait à l’entrée.
— Tu es magnifique !
J’avais acheté une belle robe.
Je savais que j’étais belle.
Je voulais qu’il n’ait d’yeux que pour moi.
Ce qu’il voyait était excellent. Par contre, son ventre n’avait pas diminué,
il me semblait toujours aussi gros. Je me suis demandé ce qu’il pouvait bien contenir.
Ce n’était pas mon problème, sauf que je l’imaginais nu sur moi et je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir un haut le cœur.
Oui, j’avais décidé de rendre aussi service à Roger. Puisque je n’avais rien d’autre à lui proposer que mon corps, pourquoi irais-je faire la fine bouche ?
Je n’étais pas un enfant de chœur, même si j’étais encore vierge. Je pouvais fermer les yeux et le laisser faire !
Nous passâmes une soirée magnifique.
Les amis de Roger étaient les hommes de la haute sphère.
Ils me regardèrent à peine.
J’aurais pu être transparente.
Ils buvaient, rotaient et riaient aux blagues les plus stupides.
Je ne savais pas ce que je faisais là.
Je ne savais pas que ceux qui possédaient tant d’argent pouvaient se
comporter de cette façon.
Je me rongeais les freins, attendant la fin de la soirée.
Quelques heures plus tard, Roger donna le coup d’envoi.
Allait-il encore me renvoyer avec son chauffeur ?
Il me fit signe de le suivre.
Ça y est. On allait passer à l’acte. Je le savais.
Nous prîmes son véhicule.
J’étais un peu nerveuse mais je ne le laissais pas percevoir.
— Alors Mado, que fais-tu dans la vie ? Tu vas à l’Université ?
Il se moquait de moi ?
— Pour le moment, je me repose Roger. Je reprends les cours l’année
prochaine.
Il s’est tourné vers moi. Il m’a caressé la joue de la main droite
— Tu sembles si innocente et belle. Tu as vécu une tragédie. J’aimerais
prendre soin de toi, si tu es d’accord bien sûr !
De quoi parlait-il encore ? Quelle tragédie ? La plus grande tragédie de
ma vie avait été de naître dans une famille pauvre ! Je ne pouvais imaginer situation plus tragique !
Je ne savais pas où nous allions. Ce n’était pas important.
Je savais que nous allions terminer dans un hôtel.
Je fus surprise de découvrir que le chauffeur avait garé dans un endroit
noir, isolé.
Comment étions-nous arrivés ici ?
Avant que j’aie pu interroger Roger, il m’avait déjà dit
— Peux-tu faire quelque chose pour moi Mado ? Je sens en toi une fille ambitieuse, qui sait ce qu’elle veut. Je suis prêt à t’aider. Tu n’auras qu’à me rendre un petit service. Tout ceci reste entre nous.
— Où sommes-nous Roger
— Ah, dans un cimetière !
Il l’avait dit comme quelqu’un qui annonce qu’il vient d’entrer au Hilton. — …Ci… ci… ci… me…
J’étais probablement stupide de bégayer ainsi. Mais ce n’est pas tous les
jours qu’on se retrouvait dans un cimetière et la nuit !
— Oui Mado, y a-t-il un problème ?
Il me demandait s’il y’avait un problème ? Je ne savais pas s’il blaguait ou
pas.
— Roger, que faisons-nous ici ?
Il ordonna à son chauffeur de nous laisser. Il désirait que nous restions
seuls.
La Lueur des phares disparut et nous plongeâmes dans le noir complet. J’eus peur. Je grelotais. Je voulais prendre mes jambes à mon cou.
Je ne pouvais pas tenir.
Roger me tint les épaules
— Je sais que ce n’est facile mais fais-moi confiance. Nous sommes
ensemble et je vais te protéger. Viens, ça va aller !
Il avait déposé sa veste sur mes épaules.
Grâce à la torche de son téléphone, nous pouvions nous déplacer.
Où allais-je avec cet homme dans un cimetière la nuit ?
Je me suis rappelé des histoires lues sur internet, des pratiques malsaines
de certains hommes.
Je voulais me convaincre que tout ceci n’était pas réel. Dans la vraie vie, il n’existe pas ces choses-là.

Roger ne cessait de me rassurer. Je me surpris même à sourire à une de ses blagues.
Tout était calme. J’avais l’impression que les tombes autour de moi chuchotaient.
Je ne pouvais rien voir. Mon ouïe s’était extraordinairement développée.
Il s’arrêta brusquement devant ce qui paraissait être une grande maison. C’était une cage avec une porte en fer.
Il sortit une clé de sa poche et l’ouvrit. C’était comme s’il entrait chez lui.
Il m’invita à entrer
— Viens !
Venir ? Pour où ? Seigneur, que faisais-je là ?
— Roger !
— N’aie pas peur. Les morts ne mordent pas. Ce sont les vivants qui te
feront du mal.
J’eus un hoquet
— Les morts ?
J’étais devenue un perroquet
— Allez viens Mado.
Il me propulsa à l’intérieur.
La pièce était assez grande pour nous contenir tous les deux.
Il y dégageait une atmosphère lugubre. La température y était glaciale.
Malgré la veste de Roger, je me mis à frissonner. Il me chuchota à l’oreille
— Ça ira. N’aie pas peur!
Plus facile à dire !
— Que faisons-nous ici ? Avais-je besoin de me répéter.
— Tu passeras la nuit ici Mado. Tiens, voilà tu seras au chaud ici. Demain, tu auras plus d’argent.
Il venait de me tendre un objet.
L’éclairage partiel me permit de distinguer un crâne.
Où avait-il pris ça ?
— J’aimerais que tu couches avec lui Mado !
Je faillis éclater de rire malgré la situation qui ne s’y prêtait guerre, ça
aurait été le comble.
Comment couche-t-on avec un crâne humain ?✍️✍️✍️✍️✍️????????????
Affaire à suivre ????????

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